Nous avons le plaisir de vous inviter à une rencontre avec Najat Vallaud Belkacem et Hakim El Karoui le jeudi 14 mars à 18h30 à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (Métro Debourg).
Le nouveau ministre de l’Éducation nationale ne parle plus de mixité sociale, mais il parle, et il parle beaucoup !
Gabriel Attal a profité de la publication de la dernière étude PISA pour lancer son “plan électrochoc” de réforme du collège.
Parmi toutes les mesures annoncées – brevet devenant un examen d’entrée au lycée, retour du redoublement, expérimentation de l’uniforme – il en est une qui ne pouvait que nous faire réagir : la création de groupes de niveau au collège.
Notre association a toujours tenu à se concentrer sur son objectif : lutter contre les ghettos sociaux dans les collèges et trouver les moyens d’améliorer leur mixité sociale et d’origine.
Même si certaines études mettent en avant les liens entre mixité sociale et réussite scolaire, la réussite scolaire, centrale pour les familles et les enseignants n’est pas au cœur de notre engagement
En revanche, nous sommes convaincus que la ségrégation sociale et d’origine dans les collèges, du fait notamment d’une sectorisation aveugle, fait courir de graves risques pour la cohésion sociale de notre pays, et c’est pourquoi nous nous mobilisons.
Nous ne pouvons donc que nous interroger sur le projet du ministre de mettre en place des groupes de niveau en français et en mathématiques en sixième et cinquième dès la rentrée prochaine.
Certes, le ministre affirme qu’il ne s’agira pas de “classes de niveau” et que les collégiens pourront passer d’un groupe à l’autre en fonction de leur progression ou régression dans la matière.
Mais cette proposition nous semble grosse de beaucoup d’effets pervers.
Le ministre a raison quand il dénonce le collège unique comme un collège uniforme. Car depuis la publication des IPS qui a démontré la très grande homogénéité en terme socioculturel des établissements en fonction de leur implantation géographique, on sait qu’il existe des collèges uniformes, des collèges monocolores, où sont concentrés les enfants des mêmes classes sociales, des mêmes populations de quartier ségrégués, riches ou pauvres d’ailleurs.
Comment dans ces conditions ne pas être inquiets des conséquences des groupes de niveau qui risquent de stigmatiser encore plus les élèves en difficulté, avec très peu de passerelles réelles d’un niveau à l’autre ? L’expérience montre que le regroupement d’élèves en difficultés scolaires favorise rarement leur progression.
Comment ne pas craindre que l’organisation matérielle des emplois du temps ne fige cette structuration en 3 classes tout au long de la scolarité ?
Et surtout, comment ne pas redouter que ces groupes homogènes ne privent ces élèves de toute expérience d’altérité ?
Le ministre fait un pari : pour garder de la diversité sociale et culturelle dans les collèges publics, il faudrait que ces établissements redonnent confiance aux familles des classes moyennes dans leur capacité à faire progresser leurs enfants.
Mais outre le fait qu’il oublie totalement les enfants des classes populaires, le ministre prend un très gros risque.
Sans repenser la façon dont se décide la sectorisation, sans prendre en compte la fuite vers le privé, ses mesures risquent malheureusement d’entraîner une nouvelle ghettoïsation scolaire…
Notre association a vu le jour en 2019 pour s’opposer à la construction d’un collège entre deux zones urbaines sensibles qui, du fait de la sectorisation, était voué à devenir un collège Ghetto.
Nous avons depuis cette date mobilisé tous les moyens à notre disposition pour sensibiliser l’opinion publique et les élus à la problématique de la mixité sociale et d’origine dans les collèges.
Nous avons notamment attaqué devant le tribunal administratif de Lyon les délibérations de la métropole qui permettait la construction de ce nouveau collège.
C’est Elisabeth Borne elle même qui l’affirme : “La mixité est une chance”
Forcément, une telle déclaration faite à l’occasion du Comité interministériel des villes du 27 octobre dernier ne pouvait que nous satisfaire !
Nous avons donc sauté sur l’occasion pour écrire un courrier (lire ici) à la première ministre que nous lui adressons sous enveloppe et avec un timbre.
Il y aura bien quelqu’un pour nous répondre, non ?
Un an après notre rencontre avec la vice présidente en charge des collèges qui nous affirmait que la mixité sociale était pour elle une priorité, le Grand Lyon décidait pourtant de construire un établissement entre deux zones urbaines sensible, condamnant celui ci à devenir un collège Ghetto.
C’est la rentrée, et la feuille de route du nouveau ministre de l’éducation Gabriel Attal tient en 3 mots : l’autorité, les savoirs et la laïcité.
Trois mots… et pas un seul sur la question de la mixité sociale à l’école.
Le problème aurait-il donc disparu avec la fin du ministère Pap Ndiaye ? Ce n’est à l’évidence pas le cas et la ségrégation sociale et d’origine dans l’enseignement mise en évidence par la publication des IPS demeure, voir s’accentue.
Il faut l’avouer : Quand l’ancienne député Cathy Racon-Bouzon et le sociologue Tarik Ghezali nous ont sollicité pour participer à des réflexions sur “l’école du nous”, nous avons un peu hésité.
L’école du nous, Késako ?
Et puis, au cours des différentes visioconférences, nous avons compris le propos : réunir l’ensemble des acteurs et des expériences autour de la question de la mixité sociale et d’origine durant l’éducation.
Nous avons préféré attendre que les émeutes cessent pour vous écrire. Le temps de la crise est rarement celui de la juste réflexion et peut-être n’auriez vous pas eu toute l’attention nécessaire pour nous lire… —
Lire la suite de notre lettre ouverte au ministre chargé de la ville ici : https://bit.ly/3NPLklb
Il semble que le plan du ministre de l’éducation Pap Ndiaye pour améliorer la mixité sociale dans les établissements scolaires ait été présenté ce matin lors d’une réunion des recteurs et directeurs académiques.
Il paraît que celui-ci se résumerait pour l’instant à une « boîte à outils » à mobiliser afin d’améliorer la mixité sociale dans chaque académie.
Il se pourrait que le ministre revienne “sur tout cela dans les prochains jours, lors de la signature du protocole avec le privé »