Mixité : Ne plus en parler est peut être la solution

« Oh Gaby, Gaby / Tu veux qu’j’te chante la mer / Le long, le long, le long des golfs / Pas très clairs »

C’est la rentrée, et la feuille de route du nouveau ministre de l’éducation Gabriel Attal tient en 3 mots : l’autorité, les savoirs et la laïcité.

Trois mots… et pas un seul sur la question de la mixité sociale à l’école.

Le problème aurait-il donc disparu avec la fin du ministère Pap Ndiaye ? Ce n’est à l’évidence pas le cas et la ségrégation sociale et d’origine dans l’enseignement mise en évidence par la publication des IPS demeure, voir s’accentue. 

Pour autant, doit-on regretter la disparition de cette thématique dans le discours ministériel ?

Paradoxalement, peut-être pas !

En mettant bruyamment en avant la thématique de la mixité sociale à l’école, Pap Ndiaye avait fait preuve tant de courage que de naïveté.

Sans pouvoir direct sur la sectorisation et  sur l’enseignement privé dans son ensemble, son combat était perdu d’avance.

Plus il revendiquait agir pour la mixité, plus il armait les acteurs et les clients de l’enseignement libre. Le résultat est connu et l’échec est total.

En renonçant à s’emparer de cette thématique, le nouveau ministre ne fait pas l’erreur de s’attaquer à un dossier miné de toute part. Et son mutisme sur la question pourrait justement être propice à l’action. 

Instruits des expérimentations réussies, nous restons convaincus que la lutte contre la ségrégation sociale passe essentiellement par un travail fin et discret sur la sectorisation, cette sectorisation qui demeure aux seules mains des conseils départementaux. 

Nous continuons à penser que la loi devrait obliger ces collectivités à se saisir de cette question et non pas les laisser libres de s’en désintéresser. Leurs élus seraient d’ailleurs d’autant plus enclins à agir s’ils pouvaient se défausser sur une nouvelle contrainte légale ! 

Nous appelons donc de nos vœux un travail parlementaire transpartisan sur l’évolution de l’article L 213-1 du code de l’éducation.

Un travail dépassionné, nécessairement discret, où seul l’intérêt général de la nation serait pris en compte. Une initiative parlementaire dépourvue d’intérêt partisan à court terme et à l’abri des compétitions à venir. 

Sommes nous nous aussi naïfs pour espérer de nos parlementaires un tel engagement ?

Pour une « école du Nous » ?

L’école du nous, Késako Cathy?

Il faut l’avouer : Quand l’ancienne député Cathy Racon-Bouzon et le sociologue Tarik Ghezali nous ont sollicité pour participer à des réflexions sur “l’école du nous”, nous avons un peu hésité. 

L’école du nous, Késako ?

Et puis, au cours des différentes visioconférences, nous avons compris le propos : réunir l’ensemble des acteurs et des expériences autour de la question de la mixité sociale et d’origine durant l’éducation.

L’objectif était de montrer que la rencontre avec l’Autre est une rencontre qui ne va pas de soi, mais qu’elle est à la fois indispensable, efficace et réalisable. 

Et nous avons découvert que de nombreuses initiatives dans ce domaine existaient déjà. Il convenait donc de comprendre les conditions de leurs réussites afin de formuler des propositions pour les développer et les généraliser.

Mais ce fût aussi pour No Ghetto l’occasion de rapeller que la mixité sociale et d’origine au collège ne pouvait pas rester optionnelle et qu’il fallait donc changer la loi pour rendre obligatoire sa prise en compte par les conseil départementaux.

Message reçu par les auteurs puisqu’une de leur recommandation consiste justement à « impulser une dynamique transpartisane à l’Assemblée nationale pour fabriquer un nouveau consensus national autour d’une école du nous ! »

Le rapport est à lire ici, la contribution de No Ghetto est en page 40

Lettre ouverte au Ministre délégué à la ville

Une lettre ouverte adressée néanmoins au ministre sous enveloppe avec un timbre à 1,16 €…

Monsieur le ministre,

Nous avons préféré attendre que les émeutes cessent pour vous écrire. Le temps de la crise est rarement celui de la juste réflexion et peut-être n’auriez vous pas eu toute l’attention nécessaire pour nous lire…

Lire la suite de notre lettre ouverte au ministre chargé de la ville ici : https://bit.ly/3NPLklb

Plan Pap Ndiaye : Pschitt ?

Il semble que le plan du ministre de l’éducation Pap Ndiaye pour améliorer la mixité sociale dans les établissements scolaires ait été présenté ce matin lors d’une réunion des recteurs et directeurs académiques.

Il paraît que celui-ci se résumerait pour l’instant à une « boîte à outils » à mobiliser afin d’améliorer la mixité sociale dans chaque académie.

Il se pourrait que le ministre revienne “sur tout cela dans les prochains jours, lors de la signature du protocole avec le privé »

Bref, on ne sait pas grand-chose du grand plan annoncé…

Nous nous félicitions du fait que la question de la mixité sociale à l’école soit enfin mise à l’agenda politique, mais après cet faux départ, nous ne pouvons qu’être déçus

Mais comment aurait-il pu en être autrement alors que depuis des années, nous soulignons que seule une loi pourrait réellement améliorer la mixité dans les collèges publics.

En effet, si le ministère peut décider d’accorder des moyens supplémentaires, il n’a en revanche aucun pouvoir pour modifier la sectorisation qui relève exclusivement des collectivités territoriales. Or, de nombreuses études démontrent combien la carte scolaire est une source majeure de ségrégation.

Toutes les décisions ministérielles risquent donc de se heurter à l’inertie des élus locaux pour qui la modification de la sectorisation représente un risque politique et électoral important. 

Tant que  le code de l’éducation ne fera pas de la mixité sociale des élèves une obligation pour les conseils départementaux, la situation n’évoluera donc pas.
E

« Pour une loi SRU de la mixité sociale dans les collèges »

A ce jour, hormis une minorité d’élus courageux, la plupart des conseils départementaux continuent d’ignorer superbement les situations de ségrégation sociale dans leurs collèges pourtant désormais objectivées par la publication des Indices de Position Sociale (IPS).

Une telle obligation pour les conseils départementaux nécessite un changement de la loi qui, à l’instar de la loi SRU, pourrait contraindre les élus locaux à réellement œuvrer pour plus de mixité sociale dans les collèges.

Participez à notre table ronde !

No Ghetto organise en collaboration avec l’association Nouvelles Rives une table ronde sur la mixité sociale au collège le 31 Mai à 18h30 au Tuba à Lyon

Cette table ronde animée par un journaliste de Médiacités sera l’occasion d’écouter le sociologue Hugo Botton qui a démontré comment la carte scolaire pouvait avoir un rôle dans l’amplification ou la réduction de la ségrégation sociale dans les collèges.

Mais si la modification de la sectorisation peut réduire la ségrégation, le développement de filière d’excellence dans certains établissements est aussi promu par l’éducation nationale.

Quels en sont les premiers résultats ? Quels projets sont en cours ? Comment s’articulent-ils avec les possibles modifications de la carte scolaire ?

C’est à ces questions que pourra répondre Olivier Dugrip, Recteur de l’académie de Lyon, qui a souhaité participer à notre rencontre.

Le collège, la carte et la métropole ou comment lutter contre la ségrégation sociale dans les collèges 

mercredi 31 mai 2023 à 18H30
au Tuba, 227 Cours Lafayette 69006 Lyon

avec :

  • Hugo Botton, doctorant en sociologie
  • Olivier Dugrip, recteur de l’académie de Lyon
  • Houda Maaffer, association No Ghetto
  • Emmanuel Buisson-Fenet, association Nouvelles rives
  • Fatima Assioui, principale adjointe de collège
  • et Matthieu Slisse, journaliste à Médiacités

INSCRIPTION NÉCESSAIRE ICI

Chers Parlementaires…

Chers Alexandre, Belkhir, Cécile, Boris, Céline, Jean-Claude, Fatiha, Christophe, Marie-Charlotte, Philippe, Francesca, Idir, Yan …

Quelques uns des parlementaire que nous avons rencontré depuis ces derniers mois…

Vous avez bien voulu nous consacrer un peu de votre temps et nous avons pu vous présenter l’objectif de notre association ; nous tenons à nouveau à vous en remercier.

Vous partagez avec nous le constat de la réelle ségrégation sociale et d’origine qui existe dans les collèges. Il faut admettre que  la publication des Indices de Position Sociale (IPS) a objectivé une situation qui s’impose désormais à tous.

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Transports scolaires : accentuer la ségrégation ?

Pour le collège privé « La Favorite », en voiture…

A côté de la construction des collèges, de leur entretien et de la sectorisation, le conseil départemental – et dans l’agglomération lyonnaise, la métropole – a aussi en charge la mission de service public des transports scolaires.

Ces « services réguliers publics routiers créés pour assurer, à titre principal et à l’intention des élèves, la desserte des établissements d’enseignement » sont à l’évidence nécessaires lorsque la faible densité de l’habitat rend les logements des collégiens éloignés des établissements scolaires.

Les collectivités locales s’attachent donc à organiser ces transports dont la tarification doit respecter l’égalité de traitement des élèves du public et du privé comme le rappelle un arrêt du Conseil d’Etat du 4 mai 2011.

Cependant, instruits des conclusions des différentes études qui prouvent la réalité de la discrimination scolaire en raison d’une part de la ségrégation urbaine et d’autre part de l’existence d’un secteur privé qui échappe à la sectorisation, nous nous sommes penchés sur l’offre de transports scolaires à partir des données accessibles sur le site des TCL. 

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Un écart type qui change tout !

Paul Éluard et Vendôme : deux collèges très homogènes et qui souffrent d’absence de mixité…

L’éducation nationale a décidé d’être transparente : après avoir publié en open data les Indices de Position Sociale (IPS) moyens de tous les collèges de France, elle réitère en publiant les écarts-types des IPS des collégiens de ces établissements.

Et ça change tout !

En effet, la moyenne est un très mauvais indicateur statistique. Quand le milliardaire Elon Musk rentre dans un bar, tous les clients de l’établissement deviennent millionnaires en moyennesans qu’on sache vraiment comment se ventilent la richesse de chacun.

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Étudier la mixité sociale à l’assemblée nationale ? Quelle idée…

Choisissez votre sujet, mesdames et messieurs les députés…

Les groupes d’études de l’assemblée nationale sont des groupes de députés qui décident d’approfondir une question spécifique et importante pour le pays.

Ces groupes d’études sont également le lieu de discussions et d’échanges entre députés de tous bords afin de tendre vers des constats, voire des propositions consensuelles.

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Enfin ! La métropole s’intéresse à la mixité sociale dans ses collèges.

Certains vice-présidents de la métropole de Lyon au travail !

A l’occasion d’un projet de délibération présenté au conseil de la métropole de Lyon, nous avons découvert que la collectivité allait créer un poste dechef de projet mixité sociale dans les collèges” !

Nous ne pouvons que nous féliciter d’une telle initiative qui intervient 2 ans, 3 mois et 15 jours après notre première rencontre avec la vice présidente en charge des collèges, Véronique Moreira. Mais mieux vaut tard que jamais…

Comme le précise la note de présentation, “ce recrutement répond à une nécessité de mener un travail en profondeur sur ce sujet. Il s’agira dans un 1er temps de cartographier précisément l’état des lieux du niveau social dans les 81 collèges publics et d’étudier les différentes expériences réalisées sur d’autres territoires avant de proposer des pistes d’expérimentations sur la Métropole.”

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