L’éducation nationale a décidé d’être transparente : après avoir publié en open data les Indices de Position Sociale (IPS) moyens de tous les collèges de France, elle réitère en publiant les écarts-types des IPS des collégiens de ces établissements.
Et ça change tout !
En effet, la moyenne est un très mauvais indicateur statistique. Quand le milliardaire Elon Musk rentre dans un bar, tous les clients de l’établissement deviennent millionnaires en moyenne… sans qu’on sache vraiment comment se ventilent la richesse de chacun.
En revanche, l’écart type est un indice plus pertinent pour apprécier la réalité puisqu’il mesure justement la dispersion des valeurs d’un échantillon statistique.
Plus l’écart type est élevé, plus la valeur observée sera répartie de manière harmonieuse.
A l’opposé, plus la valeur de l’écart type est faible, plus il y aura une concentration de la variable observée parmi les individus.
Appliquées aux collèges de la métropole (voir tableau), les conclusions sont sévères et prouvent une fois de plus les logiques de ségrégation et de concentration.
La médiane des écarts types des IPS des collèges se situe à 35 mais ses valeurs vont de 17,6 (collège Eluard à Vénissieux) à 44,3 (collège Dufy à Lyon 3).
Du point de vue du “contexte familial favorable aux apprentissages”, on peut donc dire que les collégiens de Vénissieux sont dans une situation deux fois plus homogène que ceux du troisième arrondissement de Lyon.
Autrement formulé, le collège Dufy est plus de deux fois plus mixte que le collège Paul Éluard.
Pas de chance pour ce dernier, car non seulement tous ses élèves se ressemblent, mais en plus, ils sont tous dans une situation défavorable vis-à -vis des apprentissages puisque l’IPS de cet établissement est le 3eme plus faible de la métropole !
Mais il n’y a pas que les collèges de banlieue dont la composition est homogène. Si le collège Vendôme bénéficie d’un IPS des plus élevé (138), son écart type reste assez faible (33,20).
Les collégiens de Vendôme comme ceux d’Éluard vont donc passer 4 ans dans un entre soi peu propice à l’expérience de l’altérité…
Par ailleurs, il y a plus de collèges Ghetto de pauvres que de collèges Ghetto de riches
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L’association No Ghetto va poursuivre son étude de ces nouvelles données, nottament en examinant l’évolution des écarts-types des IPS au cours des 5 dernières années.
Mais une chose est d’ores et déjà certaine : la concentration et la ségrégation sociale (et d’origine) observée dans les collèges de l’agglomération devrait inciter la métropole à réfléchir à nouveau avant de construire un collège ghetto entre Les Minguettes et Saint-Fons…
TROIS TYPES DE COLLÈGE
Schématiquement, on peut identifier trois type de collèges en fonction du niveau de son IPS moyen et de l’écart type (σ) des IPS des collégiens
- Le collège ségrégué et défavorisé : Un collège dont la composition des élèves est très homogène (écart type dans le quartile inférieur des écarts types) et dont les IPS moyens de l’établissement sont très faibles. Les collèges Paul Eluard et Louis Aragon à Vénissieux, le collège Alain de Saint-Fons appartiennent à cette catégorie.
- Le collège ségrégué et favorisé : Un collège dont la composition des élèves est très homogène (écart type dans le quartile inférieur des écarts types) et dont les IPS moyens de l’établissement sont très élevés. Les collèges de la cité internationale, le collège Vendôme à Lyon, le collège Léonard de Vinci à Chassieu font partie de cette catégorie
- Le collège mixte : Un collège dont la composition des élèves est assez hétérogène (écart type dans le dernier quartile) et dont les IPS moyens de l’établissement se rapprochent de la moyenne du territoire considéré. Les collèges Molière, Dufy à Lyon ou Giono à Saint-Genis Laval appartiennent à cette catégorie